Pour augmenter la couverture vaccinale au Québec

Des propositions pour

mieux travailler ensemble

 

Voici des propositions mises de l’avant par les participants au Forum sur l'immunisation du 7 octobre 2019 :  


L’accès à la vaccination

 

  • Étendre la gratuité des programmes de vaccination à l’ensemble des vaccins disponibles par le biais de modalités semblables à celles du Régime d’assurance médicaments et applicables aux familles et aux personnes assurées, soit par le secteur public ou le secteur privé.
  • Faciliter l’accès à la vaccination par les pharmaciens et les infirmières (le plus tôt et le plus largement possible).
  • Créer une identification publique et commune pour tous les lieux de vaccination.
  • Investir davantage financièrement, par le biais d’un fonds dédié et protégé, dans les programmes d’immunisation afin de refléter l’impact clinique et économique important comme, par exemple, la réduction des hospitalisations et la diminution de l’utilisation d’antibiotiques.
  • Offrir des incitatifs aux professionnels de la santé favorisant la vaccination, notamment pour les clientèles vulnérables.
  • Mieux former les professionnels de la santé (importance de la vaccination, référencement, etc.).
  • Instaurer un « rappel vaccin » systématique dans les programmes de vaccination, à l’instar de la vaccination vétérinaire.
  • Inclure un volet vaccination dans le Carnet de santé Québec.

 

La promotion de la vaccination

 

  • Augmenter significativement les efforts de sensibilisation et de promotion de la vaccination auprès des clientèles plus vulnérables (aînés, malades chroniques, personnes ayant une faible littératie) ainsi qu’auprès des familles immigrantes.
  • Impliquer directement les associations de patients et les groupes bénévoles dans la promotion de la vaccination.
  • Cibler et uniformiser pour tout le Québec les communications destinées aux différents groupes d’âge.
  • Adopter la promotion par les pairs : les familles pour les familles, les jeunes pour les jeunes, etc.
  • Recruter des personnalités publiques qui pourront renforcer les messages en faveur de la vaccination et contrer le discours anti-vaccin, notamment dans les réseaux sociaux.
  • Être davantage proactif dans l’opinion publique pour défendre le bien-fondé de la vaccination.

 

L’organisation de la vaccination


  • Mettre sur pied une gouvernance publique (dédiée) plus souple, interdisciplinaire et intersectorielle pour mieux coordonner les programmes de vaccination, pour assurer une plus grande diffusion de l’expertise et des connaissances et pour concerter la promotion de la vaccination.
  • Réinvestir dans la prévention, notamment en consacrant 5 % des dépenses de programmes de santé et des services sociaux à la santé publique, conformément aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé.
  • Mieux expliquer à la population les coûts – bénéfices de l’immunisation, tant sur le plan de la santé que sur le plan économique.

Conclusion

 

Les constats observés dans la couverture vaccinale inquiètent plusieurs experts, d’autant plus que divers signaux démontrent une résistance croissante à la vaccination dans la population, alimentée notamment par les réseaux sociaux. Par ailleurs, dans nos sociétés occidentales, la mémoire collective des pandémies et épidémies du passé s’est estompée. Les cas étant plus rares, on se sent à l’abri. De là, l’observation d’une certaine indifférence publique à l’égard d’une « menace » que l’on ne considère plus comme importante, se croyant protégé… du moins jusqu’à l’éclosion d’un nouveau coronavirus ! Les perspectives changent alors radicalement forçant les autorités de santé publique à calmer le jeu, tout en instaurant des mesures de contrôle.

 

Devrait-on rendre la vaccination obligatoire ? Si oui, pour qui ? Et comment ? Devons-nous faire l’économie d’un débat sur cette question ? Combien faudrait-il investir pour atteindre une couverture vaccinale optimale ?

 

L’Alliance des patients pour la santé espère que ces propositions susciteront une réflexion autant chez les responsables de la santé publique que chez les autres partenaires, tant dans le système de santé et de services sociaux qu’à l’extérieur du système.   

 

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[1] Voir Annexe I – Données de couverture vaccinale au Québec.

[2] Source : https://www.cps.ca/fr/documents/position/des-strategies-potentielles-pour-ameliorer-les-taux-de-vaccination-infantile

[3] Voir Annexe II – Programme du Forum sur l’immunisation, 7 octobre 2019.

[4] http://alliancepatients.org/2019/10/la-vaccination-socialement-et-economiquement-rentable/

[5] Ibid.

[6] Bruno Guglielminetti, consultant numérique, et Alain Madgin, vice-président principal, Citoyen (ex-Citoyen Optimum)

[7] Ibid.

Énoncé de position sur l’immunisation au Québec

 

L’Alliance des patients pour la santé est préoccupée par le discours anti-vaccin de plus en plus présent dans les médias sociaux, de même que par les difficultés rencontrées par les programmes québécois de vaccination à atteindre leurs objectifs de couverture vaccinale. Par exemple, en 2019, les meilleurs taux de vaccination au Québec sont observés chez les enfants de 1 et 2 ans où, pour tous les vaccins, la couverture varie de 79 % à 80 %, alors que les objectifs du Programme national de santé publique (PNSP) sont de 95 % pour les deux âges. Chez les adultes, les chiffres sont encore plus bas. S’il ne s’agit pas d’une situation alarmante, elle est préoccupante.[1]

 

Or, ce constat n’est pas unique au Québec. Ainsi, dans un rapport publié en juillet 2018, le Comité des maladies infectieuses et d’immunisation de la Société canadienne de pédiatrie confirme le même constat à l’échelle canadienne et propose diverses solutions pour augmenter la couverture vaccinale : « Les taux de vaccination sont sous-optimaux au Canada. Certains pays utilisent des stratégies comme des preuves de vaccination obligatoires pour entrer à la garderie ou à l’école et des incitations financières. D’autres stratégies pourraient fonctionner dans le contexte canadien, telles que la remise, à l’entrée à l’école, d’un dossier de tous les vaccins administrés, la création de registres de vaccination provinciaux ou territoriaux, l’information aux parents et aux enfants d’âge scolaire au sujet des maladies évitables par la vaccination et l’adoption de mesures afin que les parents puissent s’assurer plus facilement de la vaccination complète de leurs enfants. »[2]

 

Afin d’approfondir sa réflexion à ce sujet et de trouver des moyens pour améliorer la couverture vaccinale, l’Alliance a tenu un Forum sur l’immunisation[3], le 7 octobre 2019, en posant deux questions :

  • Pourquoi la couverture vaccinale n’est-elle pas optimale au Québec ?
  • Que doit-on faire pour l’améliorer (programmes actuels de vaccination et nouveaux vaccins) ?

 

Près d’une soixantaine de représentants d’organisations et d’institutions concernées par la problématique de l’immunisation ont pris part aux travaux du forum. En guise de conclusion au Forum, les participants et participantes ont été invités, en ateliers de discussion, à proposer des moyens pour mieux travailler ensemble (concertation) afin d’améliorer la couverture vaccinale. Cet énoncé est basé, notamment, sur les propositions issues de ces ateliers.

 

La vaccination est rentable socialement et économiquement

 

Dans ses préparatifs du Forum sur l’immunisation, l’Alliance a commandé une analyse de l’impact économique de la vaccination sur la base de deux études de cas : la rougeole et le VPH. L’analyse a été réalisée au cours de l’été 2019 par Richard Lavoie, économiste et chef de pratique – Économie de la santé, chez Synergyx Conseil. Les résultats présentés lors du Forum démontrent que la vaccination est très rentable autant pour la personne vaccinée et son entourage que pour la société dans son ensemble.[4]

 

Ainsi, chaque dollar dépensé pour vacciner contre la rougeole permet d’éviter l’éclosion de quelque 31 000 cas, ainsi qu’une dizaine de décès, et génère des économies potentielles de 55 $ par personne. Quant à la vaccination contre le VPH, tant pour les filles que pour les garçons, elle permet d’éviter 721 cas de cancer et plus de 200 décès par cancer. Chaque dollar dépensé pour vacciner contre le VPH génère des économies potentielles de 13 $ par personne. La vaccination contre ces deux maladies prévient également plusieurs conséquences importantes sur la santé (hospitalisation, séquelles, etc.), réduit l’absentéisme ainsi que les pertes de capital humain (décès, perte d’emploi, etc.). Globalement, pour le Québec, pour ces deux cas, les économies potentielles estimées (coûts d’évitement) atteindraient 307 $ millions, annuellement.[5]

 

Or, depuis plusieurs années, le désengagement de l’État à l’égard de la prévention et la coupe drastique dans les ressources en santé publique vont à l’inverse de la logique.

 

La communication publique : contrer le discours anti-vaccin

 

Selon les experts[6] appelés à commenter les débats publics sur la vaccination, en particulier le discours anti-vaccin véhiculé dans les médias sociaux, l’argument « La science le démontre » employé par les autorités publiques pour justifier la vaccination est loin de suffire et de rassurer. Selon le spécialiste de la communication publique, Alain Madgin,[7] le consensus scientifique sur l’efficacité et l’innocuité des vaccins pour la prévention des maladies infectieuses doit être mis de l’avant. Toutefois, plusieurs défis de communication sont présents (tableau tiré de la présentation de M. Madgin au Forum sur l’immunisation) :












La conclusion est pourtant évidente : il vaut mieux travailler ensemble et conjuguer nos voix pour convaincre la population et contrer la désinformation. Un défi additionnel survient alors, et ce n’est pas le moindre : la communication publique doit être partagée, proactive et véhiculer des messages cohérents et convergents.

Présentations du Forum